« A l’origine
était le rêve, celui de Jean de Larminat, le
patriarche. Il habitait un beau domaine en Sologne,
et c’est de là, sans en bouger - il n’alla jamais en
Patagonie -, que son imagination créatrice conçut
toute cette épopée et qu’il y projeta ses propres
fils en 1909. »
Jean Raspail
*
L’aventure pionnière de Jacques de Larminat
(1889-1970) et de ses frères s’inscrit dans cette
légende de la Patagonie dont les lecteurs de Jean
Raspail connaissent les principaux épisodes, à
commencer par l’éphémère Royaume d’Araucanie et de
Patagonie, et son monarque, Orélie-Antoine, dont il
a raconté l’histoire dans Moi, Antoine de Tounens,
roi de Patagonie (Albin Michel, 1981) : une
histoire qui est essentiellement celle d’une
« confrontation entre le rêve et la réalité ».
Jacques de Larminat, lui, n’est pas un « rêveur »
comme Antoine de Tounens, quand même la part du rêve
n’est pas absente chez ce tout jeune homme de vingt
ans qui s’embarque le 6 février 1909 pour
Buenos-Aires et entreprend
l’année suivante,
avec deux de ses frères, le long voyage (en train et
à cheval) qui va le conduire jusqu’à la propriété
acquise aux pieds de la Cordillère des Andes :
Cerro de los Pinos. Jacques de Larminat apparaît
donc, avant tout, comme ce pionnier dont Jean
Raspail soulignera « les qualités si
françaises d’allègre courage et de générosité »,
mais la part de son rêve s’appelle Patagonie et il
la gardera intacte jusqu’à la fin de sa vie : « Dans
ces temps-là, il s’intéressera plus aux arbres de
son parc qu’aux animaux ».

Le chemin inondé
- 10 septembre 1910 - Comme le soir tombait le Cerro
apparut
Du récit de l’installation sommaire des premiers mois, des
années de guerre que Jacques de Larminat et ses
frères passeront au front, des années de crise
(1930) et des temps de prospérité - « Trente ans
plus tard [après leur installation], Don Santiago et
ses frères « régnaient » sur un domaine plus vaste
encore que le grand duché de Luxembourg », écrit
Jean Raspail, - jusqu’aux années du péronisme,
enfin, ce sont quelque soixante ans de la vie
aventureuse et passionnante de Jacques de Larminat
et de sa famille qui sont retracés dans cet ouvrage,
lequel est aussi un hommage à la Patagonie :
« Toute la campagne, si dénudée il y a quinze jours,
s’est couverte magiquement de feuillage et c’est un
plaisir de la regarder. Les moutons commencent à
engraisser un peu grâce à la présence de l’œil du
maître, mais surtout grâce à l’abondance du
pâturage. »

1911.
Premier passage du Chimehuin
L’auteur
Miguel de Larminat est un homme extraordinairement
sympathique pour qui il importait que l’aventure de
son grand-père et de sa famille soit connue non
seulement des Argentins - c’est une page de leur
histoire -, mais aussi des Français. (Elle est
aussi bien une page de l’histoire de France).
L’ouvrage a donc paru une première fois en
Argentine, en langue espagnole, avec un grand nombre
d’illustrations de Jacques de Larminat, dont une
sélection a été retenue pour l’édition française,
disponible aujourd’hui (Privat, 2007). La belle
préface de Jean Raspail est une invitation à entrer
dans l’intimité de cette famille et à partager, à
travers son histoire, cette part du rêve patagon
que Miguel de Larminat a incontestablement héritée
de son grand-père. |