Le dernier
ouvrage d'Erik Sablé retrace la vie du Baron von
Ungern- Sternberg. Son principal intérêt vient de ce
que l'auteur a eu connaissance des documents publiés
récemment en langue russe par Sergueï Kuz'min. Son
interprétation nous éloigne de la légende du baron
fou, en la replaçant dans son contexte historique :
"Une aventure comme celle du baron Ungern n'aurait
pas été possible sans l'extraordinaire chaos
apporté par la révolution russe de 1917." Elle nous
éclaire aussi sur sa personnalité complexe, laissant
juste assez de zones d'ombre pour que demeure
intacte la part du rêve. Quant à sa mission,
relative au Roi du monde, nous n'en apprendrons
pas plus que ce que René Guénon a bien voulu en
laisser deviner, d'après Ossendowski. "Les Mongols
considéraient Ungern comme l'incarnation
vivante du Dieu de la Guerre", voici sans doute ce
que les profanes doivent connaître du baron Ungern
et ce dont ils devront se contenter avant que les
temps soient venus pour entrer véritablement dans la
connaissance de cet homme singulier, et de sa
fonction.
Il en va de même
pour le mystère de sa mort.

Le baron von Ungern avant son
exécution
On se rappellera ce que René
Guénon dit à ce propos : "Ce
qui parait certain, c'est qu'il ne fut nullement
capturé par les bolchévistes et que, quoique très
jeune encore, il mourut de mort naturelle." Comme
ses prédécesseurs, Erik Sablé décrit en détail les
circonstances de sa capture et de son exécution, et
conclut à ce sujet que "la survie du baron demeure
hypothétique".
Ajoutons, enfin,
que l'ouvrage réunit une remarquable iconographie
autour du baron Ungern, malheureusement sans
indication de sources.
*
Restaurer la monarchie, ce qui
est la voie unique au bonheur et au salut de la
nation
« Il est d'une nécessité absolue de profiter de ce
désarroi, c'est-à-dire d'interrompre la lutte
désavantageuse contre les forces chinoises et
d'utiliser ces forces pour le rétablissement du Khan
mandchou, parce que, dans l'opinion de la
population, il personnifie un juge grand et
impartial, le patron et le défenseur de toutes les
tribus de l'Empire du Milieu... Je vous l'écris
ouvertement et sans réserves, étant persuadé de
votre sympathie cordiale et étant assuré de votre
dévouement sincère à notre objectif commun de
restaurer la monarchie, ce qui est la voie unique au
bonheur et au salut de toute nation. » |