Maître
Eckhart est né en vers 1260, en Thuringe.
Il entre
très jeune chez les Dominicains d‘Erfurt, poursuit
ses études à Paris (1293-1294) et devient peu après son
retour en Allemagne prieur de son couvent d’Erfurt.

En 1302, il
fait un second séjour à Paris, pour acquérir son titre
de Maître en théologie. Il enseigne alors à la Sorbonne
(1302-1303).
De retour en Allemagne,
il est élu provincial de Saxonie (1303), puis vicaire
général de Bohême en 1307 : « Sa responsabilité s’étend
sur un territoire qui va des Pays-Bas au Nord-Est
allemand et à Prague, comprenant quarante-sept couvents
d’hommes et neuf de femmes. »
En 1311, il
repart à Paris pour la troisième fois, où il enseigne
pendant deux ans (magister actu regens) :
« Lorsque je
prêchais à Paris, je disais, et j’étais bien en droit de
le dire, que tous ceux de Paris, avec toute leur
science, ne pouvaient comprendre ce qu’est Dieu dans la
plus infime créature, voire dans une mouche. Mais je dis
à présent que tout ce monde ne le saurait comprendre.
Rien de ce que l’on peut penser de Dieu n’est Dieu ».
A partir de
1314, il s’installe à Strasbourg, avec juridiction sur
les couvents de femmes. Il enseigne aussi à Cologne.
C’est durant cette période – jusqu’en 1326, qu’il rédige
la plupart de ses Sermons.
On arrive
alors à l’époque du procès. Au cours de l’année 1326,
l’archevêque de Cologne, Henri II de Virnebourg,
s’attaque, en effet, à Maître Eckhart, pour des raisons
plus politiques que théologiques d’ailleurs, et fait
dresser une liste de 49 propositions jugées suspectes.
Il y aura
en fait deux procès, le premier à Cologne, au cours
duquel, Maître Eckhart déclare : « Je puis me tromper,
je ne puis pas être hérétique, car l’hérésie est affaire
d’intelligence, l’hérésie dépend de la volonté. » Comme
ce sont des propositions examinées hors de leur contexte
qui sont jugées, et dont certaines sont même des
transcriptions erronées de ses sermons, il sera facile à
Maître Eckhart d’argumenter, tout en se soumettant à la
décision de l’Église.
Le second
se déroule à Avignon. Mais, là, Maître Eckhart ne se
défendra pas, acceptant d’avance la sentence, tout en
demeurant intransigeant sur l’authenticité de son
expérience. Sans doute a-t-il perdu espoir de se faire
comprendre. Comme l’écrit Jeanne Ancelet-Hustache, en
effet, « comment ses juges pourraient-ils avoir idée de
la richesse d’œuvres qu’il n’ont pas lues et de
l’expérience mystique (sic) que ces œuvres
cherchent à définir intellectuellement ? »
On sait
comment se termineront les procès de Maître Eckhart : la
condamnation au final de vingt-six articles et la mort
de Maître Eckhart, peu de temps après, sans doute à
Avignon, vers la fin 1327 ou le début de 1328. |