Du 19/12/2002 au 4/1/2003
Ayant avec quelques amis affrété l'un des ces voiliers pour plaisanciers
atypiques qui vagabondent sur le canal de Beagle et dans la région du cap
Horn, nous appareillons d'Ushuaia, après avoir salué le monument aux morts
de la guerre des Malouines et être tombés en arrêt devant un pub "Orélie
–Antoine" d'un goût discutable. Direction Puerto Williams, pour une
patrouille de routine sur les marches sud du royaume.
On notera tout de suite que Magellan se serait sans
doute simplifié la vie, si, par un entêtement louable, il avait dédaigné
la tentation d'embouquer le labyrinthe auquel il a laissé son nom et, peut
être au prix d'une ou deux mutineries de plus, poussé un peu plus vers le
sud et emprunté la voie évidente du canal de Beagle pour atteindre le
Pacifique. Réserve faite du vent, qu'il aurait la plupart du temps eu dans
le nez, ce qui, pour les navires de l'époque incapables de gagner au vent,
lui aurait sans doute valu de nombreux arrêts dans l'attente des rares
épisodes de vents d'est.
C'est d'ailleurs par malchance l'une de ces brises
d'est qui nous astreint à progresser au moteur vers Puerto Williams, un
horaire un peu serré ne nous permettant pas de sacrifier aux charmes du
louvoiement, dont tous les marins savent qu'il se paie par "deux fois la
route et trois fois le temps".
Arrivés à bon port, c'est à dire les amarres tournées à
couple du Micalvi, nous allons nous réchauffer dans l'auguste troquet qui
occupe la timonerie du vénérable bâtiment, admirablement décrit par notre
consul général
Ce bistrot à l'atmosphère unique est sans doute le seul
au monde dont les coordonnées géographiques précises sont connues de plus
d'un circumnavigateur, car l'estaminet est donc sur le Micalvi, lequel
constitue l'unique quai du "Yate club" de Puerto Williams, base de départ
et d'atterrissage pour l'Antarctique et port le plus proche du Cap Horn. A
cet égard, un coup d'œil sommaire sur la carte permet de constater - sans
vouloir faire offense à l'Argentine - que la prétention d'Ushuaia au titre
de ville la plus australe du monde ne résiste pas à l'examen, ce titre
revenant à Puerto Williams, ville chilienne, sur la rive sud du Beagle
qui, sans la revendiquer d'ailleurs, mérite cette distinction. Les
puristes - et sous ces cieux ils sont nombreux - objecteront que, plus à
l'est sur le canal, le minuscule Puerto Toro brigue le titre. On le lui
concèdera volontiers, car mégoter serait ici la marque d'un dédain dû à la
taille fort modeste de ce hameau, ce qui, on en conviendra, serait
déplacé. Ce n'est pas parce qu'on est démuni de supérette, de bar-tabac
PMU et de tagueurs que l'on n'est pas un village. On y trouve tout de même
quelques fonctionnaires, une petite école primaire et une minuscule
chapelle peinte de ces couleurs vives qui leur donnent l'air d'accessoires
pour maisons de poupées. J'encourage même le lecteur à y faire un saut
pour s'y goberger de délicieuses centollas (énormes araignées de
mer) avant qu'on y implante un Mac Do, ce qui ne devrait tout de même pas
être pour la semaine prochaine.
Le lendemain cap au Sud vers la baie de Nassau qui nous
ouvre ses vastes horizons magnifiés par l'extrême transparence de l'air.
Un doux zéphyr, selon les cotations locales, c'est à dire un vent force
6 et 8° au thermomètre sans trop de pluie, nous permet de la traverser au
portant et nous passons la nuit au mouillage, bien abrités à l'île
Hermite. Mais la nuit ne sera sereine que parce qu'outre l'ancre, quatre
solides aussières nous amarrent à la côte, pour le cas, fréquent en ces
eaux, où sans crier gare Eole nous offrirait une séance wagnérienne en
nocturne. L'exercice consistant à bondir sur le pont à deux heures du
matin en pyjama sous une pluie horizontale pour doubler les amarres étant
toujours désagréable. Le syndicat d'initiative fait bien les choses car
nous avons droit à une escorte de dauphins qui ne se désintéressent de
nous que lorsque le voilier s'est immobilisé dans ses amarres. Ils restent
cependant dans les parages et reviennent ravis lorsqu'ayant mis le dinghy
à l'eau et alertés par le bruit du moteur hors-bord, ils peuvent faire la
course. Le canot fait des huit près de la côte dans deux mètres d'eau et
toute la troupe des dauphins s'en donne à cœur joie, l'enthousiasme
tombant nettement quand nous coupons le moteur pour continuer à l'aviron.
Au matin, temps incertain vers le sud. Un œil non
prévenu aurait jugé à l'aspect des flots ourlés de moutons courant vers
l'est que la mer était somme toute maniable, mais, dans cette
configuration anodine, les évènements peuvent prendre une tournure
fâcheuse. Le temps pourrait certes se maintenir, quoique conjecturer d'une
aptitude des divinités marines à discipliner leur tempérament fantasque
soit, depuis l'Antiquité, le défaut de tous les marins prématurément
décédés. Car à l'ouest un horizon d'un gris lourd accrédite en grande
pompe l'hypothèse que le vent ait la fantaisie de grimper allègrement
l'échelle de Beaufort et nous mette sinon en danger, au moins dans des
conditions pénibles pour les marins peu aguerris que nous sommes. Dans le
pire des cas, le plaisancier téméraire peut se trouver propulsé sous cape
sèche dans l'Atlantique, avec objectif de ne pas rater la Georgie du Sud,
une semaine plus tard, sous peine de devoir se récupérer au cap de Bonne
Espérance.
Les pentes ouest de notre promontoire sont d'ailleurs
marquées de saignées verticales qui semblent avoir été créés par des
engins de travaux publics. Mais l'examen de ces entailles révèle qu'elles
sont ouvertes non pas vers le bas par un effet du ruissellement, mais vers
le haut. Ce sont de furieuses rafales qui en remontant les pentes ont
arraché parfois jusqu'au roc la couverture végétale. Autour, les hêtres
nains observent une prudente humilité et offrent le spectacle curieux de
forêts de bonsaïs naturels, courbés et peignés par le vent.
La
précaution de laisser passer la dépression était de bon sens car,
effectivement, dans les heures qui suivent, l'océan Pacifique devient
gris, couvert de striures blanches et un vent tout ce qu'il y a de plus
viril nous amène à regagner trempés notre bateau douillettement planqué,
afin de nous assurer lequel de l'Armagnac ou du Pisco a le mieux étalé la
baisse du baromètre.
Alors que l'esprit un peu embrumé, nous exécutons avec
beaucoup de conscience les derniers tests, un choc sur la coque nous
astreint à interrompre nos travaux et à risquer un œil à l'extérieur.
C'est un ketch qui vient de se mettre à couple. Silhouette râblée, mâts
plutôt courts, coquepite bien défendu, c'est un des ces bateaux taillés
pour la croisière hauturière dans les mers difficiles. Mais quelque chose
de bâclé dans la manœuvre, une espèce d'empressement de la chaîne d'ancre
à filer dans le guindeau, une nuance d'avachissement dans les barres de
flèches et un flageolement lascif des bastaques trahissent une certaine
lassitude de l'embarcation. Même le demi-mouton suspendu au pataras, comme
cela se fait dans ces régions où il n'y a pas besoin de frigo pour
conserver la viande, semble laisser échapper un soupir de soulagement. La
mise de l'équipage: bonnet de traviole, vêtements trempés et regard humide
vers la bouteille d'apéro que nous leur proposons, confirme que les heures
précédentes ont été délicates. Leur projet était en effet de descendre en
Antarctique, mais la dépression les avait cueillis dans le passage de
Drake, c'est à dire entre le Horn et la pointe de la péninsule Antarctique
et, à 25 nautiques dans le sud du cap Horn, le skipper avait commencé à
agiter de sombres pensées, se demandant tour à tour pourquoi il n'avait
pas préféré devenir employé aux écritures à la sécurité sociale, si ce
serait le grand-mât ou l'artimon qui pèterait le premier, ou si, pour
faciliter les recherches, il n'aurait pas mieux fait d'appeler son bateau
ININI, nom qui présente l'avantage précieux de pouvoir se lire à l'endroit
comme à l'envers. Bref, entre deux séries d'uppercuts de l'océan, il avait
décidé de battre en retraite en bon ordre avant de casser du bois et de
remonter, sous tourmentin et trois ris dans la grand-voile, se mettre à
l'abri dans les îles. L'équipage n'avait pourtant pas plus que le bateau
l'allure tropézienne, arborant en lieu et place des mocassins à semelle
blanche pour ne pas salir les ponts, les après-ski habituellement portés
dans les rares yachts club de Terre de Feu. Notre débat sur les qualités
hauturières de l'armagnac retrouve une nouvelle vigueur et l'accord se
fait sur la nécessité de trancher par une méthode scientifique, en filant
un bon litre par dessus bord, côté au vent, lors du prochain coup de
torchon, pour voir si les flots se calment comme sous l'effet de l'huile,
Neptune ne pouvant s'offusquer d'une telle libation propitiatoire.
La mésaventure de nos compagnons est typique des
séances sportives que réservent les approches du cap Horn : les courants
et grands flux d'ouest buttent sur la remontée du plateau continental et
aux vents violents s'ajoute pour faire bonne mesure une mer chaotique qui
a fait la détestable réputation du secteur.
Pour
dissiper les vapeurs des alcools, nous remettons le nez dehors vers
minuit. La nuit n'est tombée que depuis une heure et à trois heures du
matin il fera jour. Mais tout l'horizon sud est gris clair. Le ciel semble
comme éclairé par en-dessous par les immensités neigeuses de
l'Antarctique, où, en cette saison, le soleil ne se couche pas; à quatre
jours de mer, pas bien loin. Appel silencieux, tentation de s'y rendre
sans plus attendre…
C'est par un jour de Noël étonnamment ensoleillé et
presque sans vent, bercés par la puissante houle du Pacifique que nous
passons sous le Horn . Le cap se présente sous un air bonasse, mais la
mise en scène n'est que partiellement réussie et les parois de ce coin de
granit fiché entre Atlantique et Pacifique cachent mal un air mauvais. Les
falaises sombres à la base humide marquée de coulées verdâtres ont délégué
à quelques encablures des émissaires qui émergent sournoisement dans une
bave écumante. Totalement inoffensifs aujourd'hui, on imagine cependant
sans peine les affres qu'ils ont pu causer aux barreurs des grands
voiliers, qui, fonçant dans le mauvais temps, auraient fait l'imprudence
fatale de serrer de trop près la terre, à supposer qu'ils l'aient vue. Le
secteur est un piège à bateaux très au point. A commencer par le faux Horn
qui présente l'allure fallacieusement imitée du vrai cap. Pour les navires
venant de l'est, il propose au capitaine fourvoyé et impatient de
retrouver vers le nord des eaux plus calmes une invitation matoise et
assassine à obliquer sans plus attendre. Pour peu que la tempête se mette
de la partie, l'infortuné capitaine ira fracasser son navire sur Hermite
ou Wollaston, voire sur le Horn lui même dont il découvrira trop tard les
tombants, alors qu'il se croyait en mer ouverte. A moins que pensant
trouver un issue, il fuie dans la baie de Nassau, où les flots rendus
furieux par la faible profondeur mettront le bateau à mal avant qu'il
touche la moindre roche .
Pour ce qui nous concerne, nous passons en tenue
quasiment printanière sous l'austère falaise, sabrant le champagne à la
mémoire de tous les malheureux qui ont eu pour dernière vision la sale
gueule de ce caillou meurtrier. Notre humeur est cependant assombrie par
la VHF qui diffuse régulièrement le signalement d'un voilier
allemand arrivant de Nouvelle Zélande qui, trois jours auparavant, a
déclenché sa balise de détresse à quelques dizaines de nautiques et qui
est considéré maintenant comme disparu corps et biens…
Visite protocolaire au phare. Accueil souriant des gardiens, qui, en
cette saison, ont tout de même de la visite. Le reste du temps, il faut
veiller à la radio et attendre la relève, une fois par an. Un sacerdoce !
Salut
à la stèle ici érigée par l'association des cap-horniers et au monument
aux marins disparus dans les parages.
Remontée vers le nord et mouillage dans un repli fort discret de
Wollaston, côté baie de Scourfield.
Patrouille à terre; rien à signaler. Ballade sur les
pentes couvertes d'un matelas de mousse élastique, dans laquelle
s'abritent les hêtres nains, qui ne se hasardent à atteindre deux ou trois
mètres de haut que dans les endroits très protégés. On trouve avec émotion
dans les replis de terrain de magnifiques petites orchidées blanches qui
se dépêchent de fleurir.
Poséidon ne voulant pas nous laisser partir sans nous
donner un tout petit aperçu de son répertoire, la baie de Nassau est
retraversée au portant vers le nord avec un vent de force 7 et une mer
courte dans laquelle l'étrave enfourne parfois, trempant le barreur de
jets d'eau plutôt fraîche.
Puerto Williams et le Micalvi nous accueillent à
nouveau et nous retrouvons l'atmosphère cosmopolite et si particulière
qu'y distillent ces vrais marins, majoritairement Français d'ailleurs. Au
bar du Micalvi, les conversations roulent sur des sujets sérieux traités
légèrement, qu'il s'agisse de savoir s'il est plus facile de décoder une
carte météo plus ou moins ésotérique et de toute façon périmée après un ou
deux Piscos ou à jeun, ou s'il est préférable de toucher l'Antarctique à
Déception plutôt qu'à Melchior quand il y a beaucoup de glace. Conscients
de nos limites, nous nous mêlons prudemment aux conversations, risquant ça
et là, non pas une recommandation ou une objection, qui ne susciteraient
qu'un silence accablé, mais une observation interrogative et nuancée, une
incidente mesurée, auxquelles il est répondu avec un bienveillant souci
pédagogique. Personne ne roule des mécaniques s'agissant de son expérience
de marin et, par une heureuse convention tacite, quand il s'agit d'évoquer
le mauvais temps, la litote est une élégance et l'euphémisme une règle. On
n'évoque du "très mauvais temps" que si le bateau a fait trois tours sur
lui même en moins d'une heure et le mot tempête ne sera pas prononcé,
comme si l'on craignait que les dieux courroucés fassent, lors de la
prochaine sortie, la démonstration que ce que l'on avait appelé tempête
n'était qu'un aimable divertissement. Les épisodes les plus angoissants
sont relatés sobrement et avec un brin d'humour. Les commentaires se
limitent à des appréciations techniques et on s'abstient de faire savoir
que, le cas échéant, on a connu bien pire. Venant d'un pays où bientôt les
gens qui se seront donnés un coup de marteau sur le doigt exigeront
une cellule mobile de soutien psychologique avec gyrophares et sirènes,
voilà qui repose délicieusement l'esprit des conversations convenues des
dîners en ville avec des messieurs qui n'ont rien à dire mais le disent
tout de même et avec leurs bourgeoises qui font des encadrements.
Dehors, sous une bruine glacée, les jeunes enfants
d'un couple de navigateurs Français jouent en ticheurte avec des petits
Chiliens dans les cabestans du Micalvi, sans souffrir du froid,
s'exprimant d'une phrase à l'autre en français, en espagnol et, si besoin
est, en anglais, avec une facilité confondante. Ils vivent tantôt ici,
tantôt en Antarctique. A l'heure où je rédige ces lignes, ces merveilleux
petits elfes jouent avec les manchots ou font du toboggan dans les
icebergs. Quelle enfance ils auront eue ! L'Antarctique comme cour de
récréation! Dieu les préserve du grand python thalassique cher à Jacques
Perret. Qu'il les garde aussi des rues grises et de l'air poisseux de nos
villes. Qu'il leur épargne nos vies de poissons rouges et nos
"reality-shows". Puissent leurs oreilles ne jamais avoir à subir un
morceau de musique contemporaine et les hurlements qui montent des stades
de foot. Que leurs yeux remplis des merveilles du grand Sud n'aient jamais
à s'effaroucher devant un mur couvert de tags ou les gueules de zombies
du métro. Et pour l'heure, que le soleil des glaces caresse leurs
paupières, que les vagues s'apaisent à leur passage et que les vents
glissent sans hâte dans leurs cheveux d'or.
Nous
reprenons vers l'ouest la navigation sur le canal de Beagle, dans sa
majestueuse monotonie. De part et d'autre, de grandes vallées montagneuses
où l'on chercherait en vain une route ou même un chemin, hormis les
sentiers de guanacos qui suivent la lisière supérieure des bois. Pas âme
qui vive, à perte de vue… Serrement de cœur en passant devant le
pathétique petit cimetière des Yaghans, relégué sur la rive sud du canal
face à Ushuaia et cerné par les bois.
Des colonies d'otaries se vautrent sur les rochers sous
l'œil bienveillant d'un condor perché au ras de l'eau, qui tient
l'obituaire de la petite colonie avec une grande conscience
professionnelle.
Le vent s'est levé, permettant aux albatros à sourcil
noir de reprendre du service. On ne se lasse pas d'admirer leurs grandes
ailes fines comme des lames, leurs évolutions et la grâce avec laquelle,
sans effort, ils remontent le vent: longue glissade à toucher l'eau,
chandelle, virage sur l'aile et on recommence. Les sternes à la carène si
gracieuse progressent par de puissants coups d'ailes et les pétrels
fuligineux promènent mollement leur triste mise. Les manchots de Magellan,
dont seule la tête dépasse de l'eau, nous regardent approcher bec en l'air
et plongent quand le bateau n'est plus qu'à quelques mètres. Si on leur
pardonne d'avoir renoncé au privilège inouï de voler pour se consacrer
avec succès à une existence aquatique, le jugement sera plus sévère pour
les canards-vapeurs, qui par une régression dont ils devraient rougir, ont
décidé une fois pour toute de ne plus faire l'effort de s'arracher à la
surface des eaux et s'enfuient in extremis devant notre étrave en
moulinant de manière grotesque avec leurs trognons d'ailes, évoquant ainsi
les roues à aube des bateaux du Mississipi, d'où leur nom ridicule.
Au fur et à mesure de notre progression vers l'ouest ,
les rives du canal se font plus abruptes et nous enfonçons entre les
parois des fjords de la rive nord pour y admirer les glaciers qui
descendent de la cordillère Darwin. En progressant prudemment entre les
glaçons, nous parvenons au pied de la langue glaciaire toute hérissée de
blocs en dents de scie qui s'écroulent régulièrement dans l'eau avec un
bruit de tonnerre. La glace dégringole jusqu'à la mer, venant de cimes
couvertes d'impressionnantes corniches de neige auxquelles les nuages
accrochent de fastueux cimiers. Si le recul des glaciers est manifeste, on
remarque ici comme ailleurs, que ce n'est pas une règle absolue : l'une
des langues du glacier Pia, hérissée en une forêt de lances blanches,
déboule puissamment dans une prairie qu'elle avale inexorablement.
Après
être retournés à Puerto Williams pour les formalités de sortie du
territoire chilien, nous reprenons à nouveau le canal vers Ushuaia. En
guise d'adieu dans le style du pays, nous affrontons un vent d'ouest en
plein dans le nez, que le moteur parvient difficilement à vaincre et nous
passons gelés et à un train de sénateur devant le phare des Eclaireurs qui
marque l'entrée de la baie d'Ushuaia.
Fin
de la patrouille et retour à la civilisation...
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