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"L'année
durant laquelle il avait cru qu'il mourrait s'écoula. Il vivait cependant encore, et il
suivit l'appel de son innocente exaltation à se rendre en Thuringe, pour célébrer sur
la tombe de Sophie l'anniversaire de sa mort. Car son amour pour elle restait toujours
aussi fort en son âme, même s'il perdit bientôt son pouvoir exclusif. Son cœur
avait besoin, c'était un fait, d'une âme féminine sur laquelle il pût s'appuyer. Cela
lui était également nécessaire pour se décider à nouveau à mener une existence
pratique dans une sphère d'activité déterminée et en goûtant les joies de la vie
domestique. Ce fut Julie Von Charpentier [née en 1776], la fille de son inspecteur des
mines, dont l'esprit cultivé et le cœur noble et doux, qu'accompagnaient la beauté
et la grâce, méritèrent et conquirent tout d'abord son estime, puis son amour. L'amour
qu'il eut pour elle ne fut pas l'amour passionné qu'il avait été pour Sophie ; il
était beaucoup plus apaisé, mais pour autant non moins chaleureux et destiné à durer
toute une vie. Sa fréquentation lui assurait en effet de quoi nourrir son esprit et son
cœur (...)"
August Coeslestin Just, in Novalis vu par ses
contemporains, Éditions Novalis, 1994, p.58-59
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Carlyle
"Sa Sophie pouvait être pour lui une
sainte présence, mélancolique et invisiblement douce; une présence à
adorer dans le plus secret tabernacle de la mémoire; mais une adoration de
ce genre n'est pas la seule affaire de l'homme, et il ne faut pas que nous
blâmions Novalis d'avoir séché ses larmes et d'avoir une fois de plus jeté
un regard d'espérance sur cette terre qui est toujours ce qu'elle était :
le plus étrange mélange de lumière et de mystère, de joie et de douleur.
La vie appartient aux vivants et celui qui vit doit être prêt à subir les
vicissitudes"
Heinz Ritter
"Ce
n'est qu'à notre époque qu'a été clarifié le rôle qu'a joué Julie
von Charpentier dans la vie et la création littéraire de Novalis : la
Muse de ses oeuvres poétiques proprement dites, l'archétype de Mathilde
dans Ofterdingen, la personne de référence des derniers poèmes n'était pas
Sophie, mais la compagne de ses dernières années, Julie. Si la;première
avait paru comme une rencontre issue du destin, pour ainsi dire
incorporelle, de deux esprits juvéniles, la seconde était une véritable
relation entre fiancés, empreinte d'une inclination et d'une chaleurs
profondes."
Lucien Turci
"En Julie von Charpentier, sa seconde
fiancée, Novalis rencontrera une femme qui, durant ses dernières
années de vie, l'accompagnera d'un amour tel qu'aucun être humain ne
lui en avait offert jusque là. Sans doute est-ce par elle que Novalis
trouvera à former ses plus délicates lignes sur l'amour charnel dans
sa plus noble sensualité"
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