Entre les mille bonnes heures / Qu'a pu me
réserver la vie, / Fidèle, une seule me reste : / L'heure en proie à mille douleurs, /
Où j'ai connu du fond du cœur / Qui était mort pour nous.
Mon univers était brisé, / Comme habité d'un
ver rongeur, / Mon cœur se fanait en sa fleur ; / Tout de ma vie, et mes espoirs / Tout
gisait au fond d'une tombe, / Et je restais, moi, pour souffrir.
Chant religieux, IV, extrait
Aux pires heures de détresse
Quand le coeur est près de flancher,
Quand l'angoisse est là qui nous ronge,
Du mal qui va nous emporter :
Songeant au chagrin, à la peine
Qui vont peser sur ceux qu'on aime,
Nos yeux sont voilés d'un nuage
Où ne perce plus nul espoir.
Oh! c'est alors Dieu qui se penche
Et nous approche Son amour;
Quand nous n'aspirons qu'à mourir,
Son Ange vient et nous assiste,
Portant le calice de Vie,
Glissant en nous le réconfort;
On ne demande pas en vain
Aussi Sa paix pour ceux qu'on aime.
Chant religieux, XIII
Lettre manuscrite de Sophie von Kühn à
Novalis, fin 1796
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