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C’était au bout du bout du monde
En ces temps reculés presque oubliés
Entre deux océans à l’humeur coléreuse
Qu’un Dieu irritait de ses larmes gelées
Par-dessus le ciel triste et bas
C’était dans le dédale hostile et noir
Des îles inconnues aux noms sans pardon
Aux arbres pourrissants sur un linceul verdâtre
Entre fracas de glace et plaintes de vent froid
Sous la brume hypocrite d’un hiver infini
C’était sous l’orage aux grondements d’effroi
Aux brusques déchirures acérées métalliques
Entre l’écho de grêle le masque des fantômes
Ces maîtres des ténèbres aux menaces sournoises
Qui hurlaient à la mort sur les berges glissantes
C’était là…
Et cette poignée d’hommes dépeçant la baleine
Faisaient durer encore leur maigre survivance
Guettant de leur regard les sombres maléfices
Qu’une divinité se plaisait à prédire
De sa toute puissance en scellant leur destin
Dans la désolation des longues nuits
Laissant planer sur eux la sourde solitude
Ils veillaient patiemment les braises rougeoyantes
En réveillant les mots de leurs ancêtres
Pour prolonger l’immuable mémoire
Ils tenaient dans leur ventre la terreur
De laisser l’un d’entre eux déjà mort
Avec des coquillages en fragiles remparts
Sur une île maudite désormais interdite
Hantée par son esprit livré à l’inconnu
Ils savaient chercher le réconfort
Entre les cuisses chaudes et le ventre accueillant
De leurs femmes aux seins cernés de blanc
Si de ces gestes simples pouvait naître la vie
L’enfant repousserait peut-être leur agonie
Dieu les avait oubliés en terre abandonnée
Ils n’avaient pas un mot pour dire le bonheur
Ils s’épuisaient déjà mais ne le savaient pas
Pourtant de leur gorge nue jaillissait
Le Chant du Monde… |
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