TIM SEVERIN ET LE VOYAGE DU BRENDAN

Tim Séverin est né en 1940. Depuis 40 ans, il voyage sur terre, sur les traces de Marco Polo, et sur les mers, à la suite de saint Brendan, de Sindbad le marin, ou encore d'Ulysse.

"Au fond le voyage du Brendan ressemblerait à un roman policier. J'avais à ma disposition les pistes du texte du Navigatio. Une par une elles pourraient me mener vers une solution, si je pouvais découvrir comment les suivre. Oui, mais comment, justement? La réponse qui s'imposait, encore une fois, c'était d'avoir un canot exactement semblable à celui de saint Brendan."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

► Sur Saint Brendan et ses navigations

> Robert-Yves Creston, Journal de bord de Saint Brendan à la recherche du Paradis, Terre de Brume Editions, 1996

> Le merveilleux voyage de Saint Brandan à la recherche du Paradis, L'artisan du livre, Paris, 1925

> Louis Kervran, Brandan, le grand navigateur celte du VIe siècle, Robert Laffont, 1977

> Tim Séverin, Le voyage du Brendan, Albin Michel, 1978

 

 

 

 

 

 

 

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Tim Séverin, à l'époque du voyage du Brendan

 

 

 

Trondur Patursson, un des compagnons de Tim Severin

"Puissant et trapu, il était assis immobile sur la lisse de plat-bord. Il portait des bottes très imposantes, un pantalon de velours, un chandail brun du pays, et il avait les grandes et fortes mains d'un artisan. Mais le plus impressionnant était sa tête, encadrée par une chevelure et une barbe splendide, si luxuriantes qu'elles formaient une masse compacte qui s'étendait de son torse jusqu'à un arc de huit centimètres au-dessus de son crâne."

 

 

"Quant à la géographie du Navigatio, le voyage du Brendan a réussi à relier les différents emplacements qui avaient été suggérés comme étant les sites mentionnés dans le texte médiéval: les Féroé étant l'île des Moutons; Mykines ou peut-être Vagar, également dans les Féroé, étant le Paradis des oiseaux ; l'Islande méridionale étant la région de la montagne embrasée et de l'île des Forgerons ; et les identifications de l'iceberg et des baleines curieuses avec la «colonne de cristal» et le grand poisson Jasconius. Plus original peut-être est le fait que le Brendan a montré que ces atterrissages pouvaient se faire dans une progression logique autour de l'Atlantique Nord en utilisant les vents de la saison de navigation d'été et que, dans chaque cas, le folklore local ainsi que les recherches archéologiques en cours sont solidement fondés sur la tradition des visites des Irlandais. Encore une fois, le facteur significatif est l'harmonie générale entre le voyage moderne et le récit original. Une seule identification de l'un des atterrissages de saint Brendan avec un emplacement d'aujourd'hui serait trop subjective; mais toute une chaîne d'identifications de cet ordre est sûrement plus qu'une simple coïncidence.

Parallèlement, nous n'avons pas espéré ni essayé au cours du voyage du Brendan d'expliquer tous les sites cités dans le Navigatio. Certains étaient trop vaguement indiqués par le texte pour pouvoir être identifiés; d'autres se trouvaient à l'écart de notre route. D'ailleurs, si le Navigatio est vraiment un amalgame de plusieurs voyages réalisés par d'autres moines en sus de saint Brendan, comme cela paraît vraisemblable, il n'y a pas de raison pour que quelques emplacements ne soient pas situés dans d'autres directions. La tendance générale du Navigatio, cependant, est le nord et l'ouest, et, ainsi que l'a démontré le Brendan, c'est aussi la route qui conduit un canot de cuir en Amérique."

Le Brendan au large des côtes d'Islande

  Extraits du récit de Saint Brendan

13 - Brendan et ses moines fêtèrent Noël avec la communauté de saint Ailbe et, le huitième jour après l'épiphanie, ils repartirent par mer, ramant et naviguant à la voile jusqu'au Carême. Leurs vivres et leurs provisions d'eau s'épuisaient, et le découragement commençait à s'emparer d'eux quand, trois jours plus tard, ils aperçurent une autre île. Ils y trouvèrent un puits d'eau limpide, entouré de plantes et de racines, ainsi qu'une rivière où des poissons nageaient vers la mer. Ils firent une cueillette de plantes et de racines, mais l'eau du puits précipita certains dans un profond sommeil qui dura de un à trois jours. Saint Brendan pria pour eux et, quand ils furent rétablis, il leur déclara qu'ils devaient quitter cette île. Ils ne se chargèrent que d'une petite provision d'eau et, après avoir capturé des poissons dans la rivière, ils repartirent à bord de leur canot en direction du nord.

14 - Trois jours plus tard, le vent tomba et la mer sembla si lisse qu'elle parut coagulée. Brendan ordonna à son équipage de rentrer les avirons et de laisser Dieu gouverner leur canot. Pendant vingt jours, ils dérivèrent à l'aventure jusqu'à ce qu'un vent d'ouest les repoussât vers l'est.

15 - Le vent les ramena à l'île des Moutons où, au même débarcadère que l'année précédente, le « procurateur » les accueillit joyeusement, dressa une tente, leur prépara un bain et leur fournit des vêtements neufs. Puis, après qu'ils eurent célébré le Samedi saint et dîné, il leur dit de repartir vers la baleine Jasconius afin de fêter le dimanche de la Résurrection, et d'aller ensuite au Paradis des oiseaux. Il leur apporterait lui-même du pain et de quoi boire pendant leur séjour là-bas.

Ils suivirent son avis : ils débarquèrent sur la baleine Jasconius puis ils se rendirent au Paradis des oiseaux où ils les écoutèrent chanter. Le procurateur prévint Brendan que, pendant sept ans, il recommencerait le cycle à savoir qu'il passerait le Jeudi saint sur l'île des Moutons, Pâques sur la baleine, de Pâques à la Pentecôte dans le Paradis des oiseaux, et Noël avec la communauté de saint Ailbe.

Ce fut ce qui se produisit, et le procurateur leur apporta des vivres jusqu'à ce que le moment fût venu de repartir dans le coracle avec des provisions provenant de l'île des Moutons.

(Chapitres 13 à 15)

Voir http://mypage.bluewin.ch/brandan/