Une certaine déception
Comment ne pas éprouver une certaine déception après
la parution de ce nouvel ouvrage de Jean Raspail, -
nouvel ouvrage, certes, mais pour qui ne connaissait
ni La Hache des steppes ni Pêcheurs de lunes, ni Les
Hussards, histoires exemplaires. Le son des tambours sur la neige
et autres nouvelles d'ailleurs est, en effet, la simple réédition de
textes relativement anciens (1990, pour le plus récent).
Naturellement, comme ces trois ouvrages sont épuisés, et La Hache des steppes depuis
longtemps, - on dit même que l'A. ne souhaite pas le rééditer, - on peut
comprendre que Jean Raspail ait souhaité porté à la connaissance de
l'ensemble de ses lecteurs quelques unes des nouvelles ou des chapitres
les plus significatifs qui les composent. Il reste que
pour ceux qui avaient lus ces textes - et les avaient appréciés - et qui,
surtout, avaient rêvé pendant des semaines à ce que promettait un
ouvrage nouveau intitulé Le son des tambours sur la neige, la
déception est réelle!
Le son des tambours sur la neige
évoquaient pour beaucoup d'entre nous, les Oumiâtes, ce peuple qui
habitent un autre roman de Jean Raspail, Septentrion, et dont la
présence dans son oeuvre est un motif de rêve aussi puissant que les
Patagons. Les Oumiâtes existent, je les ai rencontrés... Mais après
l'extraordinaire roman de Theodor Kroger, Le
village oublié, et les rares
confidences du Prince G., j'avoue que j'attendais de ce dernier livre des
révélations comme Jean Raspail en a le secret. D'où ma déception... Il y a
peut-être là une occasion de réfléchir à la place des Oumiâtes dans
l'oeuvre de celui-ci : rêve impossible? rêve magique? Ce qui est certain
est que les Oumiâtes délimitent un autre territoire du rêve, plus secret,
plus intime, peut-être, que les Patagons, un territoire en tout cas pour
lequel il ne saurait y avoir de Consulat général, mais une sorte de
Société savante dont les membres auraient pour mission de recueillir et de
traiter toutes les informations réelles et inventées qui se rapportent à
ce peuple. L'enjeu est important. Qu'on se
rappelle Septentrion : "Pourchassés par des ennemis implacables, en
plein hiver sibérien, les enfants de Septentrion
(ils sont six) s'en vont rejoindre à travers la neige les Oumiâtes dont on entend battre
le tambour au fond de la forêt. Si les Oumiâtes existent, les enfants sont sauvés. Et
s'ils n'existent pas..." |