« La tradition
occidentale, disais-je, s’est perfectionnée, Dieu l’a perfectionnée dans
les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme, islam. »
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En souvenir
d'un certain 6 septembre 1991
Qui est
Robert Amadou ?
Fondamentalement, un gnostique.
« La gnose
dont je parle et à laquelle je me voue et à laquelle j’invite est une
connaissance, nullement exclusive de l’amour, bien au contraire, qui
possède dans sa perfection – la gnose est une connaissance parfaite –
quatre traits principaux pour la spécifier : elle est religieuse,
traditionnelle, initiatique et universelle »
Mais
Robert Amadou est aussi un théosophe, spécialiste de Louis-Claude de Saint
Martin, le Philosophe inconnu, à qui il a consacré une thèse, et vingt ans
de recherches documentaires.
C’est, enfin,
un prêtre, de l’Église syrienne d’Antioche, qui n’hésite pas à désigner la
Sainte Montagne, l’Athos, comme le lieu vivant des maîtres de l’ésotérisme
chrétien (communication personnelle).
« Le cœur de
ma recherche, écrit-il, c’est Dieu. Ma vocation est celle de tout
homme, j’essaie d’en prendre conscience : m’approcher – ou me rapprocher –
de Dieu. »
La question
est de savoir où s’origine sa vocation ?
« Cette
vocation mienne est située dans la tradition occidentale, dans
l’expression occidentale de la Tradition. Là, je veux être très net : je
suis tout à fait certain que la Tradition est universelle – la Tradition a
une source non humaine, elle est révélée – et en même temps, et c’est ma
certitude en même temps que ma conviction, ma connaissance en même temps
que ma foi, que son expression occidentale en est la perfection, la forme
achevée, pleinement et totalement authentique. Il y a des traditions
parallèles, analogues, comme vous voudrez. Certains de leurs éléments
peuvent, par comparaison, être utiles au tenant de la voie occidentale ;
mais il n’y a pas de traditions, de religions équivalentes. C’est vrai
aussi de la gnose, connaissance parfaite qui perfectionne elle-même la foi
et dont il existe mainte manifestation à travers les pays et les époques,
en mainte forme traditionnelle ; elle trouve sa perfection actuelle dans
la tradition la plus riche et la plus pure qui est la tradition
occidentale »
Qu’entend-t-il
par « tradition occidentale », où faut-il la rechercher ?
« Dans les trois religions abrahamiques : judaïsme, christianisme,
islam. ». D’une certaine manière il y a, pour Robert Amadou, supériorité
de la tradition occidentale sur les traditions extrême-orientales,
autrement dit de « l’unité de la Conscience » sur « l’unicité de l’être ».
C’est ce qui non seulement le distingue, mais l’oppose à René Guénon.
« L’important,
l’essentiel est le terme : Dieu connu, Dieu aimé. Or, la tradition
occidentale a, parfaite, la lucidité de placer l’expérience de l’Absolu
non manifesté, ontologiquement et chronologiquement (sauf à errer),
avant l’expérience de Dieu personnel. En Occident, le monisme mystique
qui est une imperfection de la pensée extrême-orientale, procède souvent
(et jusque dans l’adhésion qu’on y donne aux doctrines extrême-orientales
ou aux déviations extrême-orientalisantes en Occident) du désir de faire
mourir l’homme, corrélatif du désir de tuer Dieu [...]; je l’ai montré
précisément à propos de René Guénon. A Hallâj même, qui fut condamné pour
avoir donné l’impression d’incarner Dieu, les maniaques de la non-dualité
ont reproché d’avoir encore laissé subsister une dualité dans l’expérience
de l’union. Il est vrai, et l’honneur exceptionnel, la perfection de la
tradition occidentale – appelez-la gnostique, appelez-la mystique – est
d’avoir exalté, au regard de l’illusoire unité ontologique, la « présence
testimoniale ». Cher Louis Massignon, gnostique et mystique, prêtre et
cheikh admirable ! »
Une autre
critique adressée à René Guénon concerne le guénonisme : « René Guénon
fait du guénonisme la Tradition, et le guénonisme est un syncrétisme très
moderne. Ce pourquoi il y a du bon et même du très bon si l’on s’autorise
à des démontages, nonobstant les directives de l’auteur ».
Quant à
l’initiation, à la transmission de l’influence spirituelle, Robert Amadou
s’écarte là aussi de René Guénon, tout en partageant avec lui son terrible
constat sur la société occidentale moderne : « La société occidentale
moderne, qui tend à devenir culture planétaire, est unique en son manque
d’une initiation, d’initiations, de sociétés initiatiques, officiellement
admises, officiellement profitables et utiles. S’initier n’en devient pour
chaque déviant – déviant du mal – que plus malaisé, et peut-être aussi
plus fécond : rien n’est jamais à inventer, tout est aujourd’hui à
réinventer ».
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