"L’Absolu peut être approché par deux voies, écrit Frithjof Schuon,
l’une fondée sur « Dieu en soi », et l’autre sur « Dieu fait homme » ;
c’est ce qui fait la distinction entre, d’une part l’Abrahamisme, le
Mosaïsme, l’Islam, le Platonisme, le Védantisme, et d’autre part le
Christianisme, le Ramaïsme, le Krishnaïsme, l’Amidisme, et d’une certaine
manière même le Bouddhisme tout court." Or, Sri Ramana Maharshi incarne de la manière la
plus pure la voie de "Dieu en soi" et son enseignement demeure de la même
pureté doctrinale, comme René Guénon le fera remarquer en 1949. Et quant à
ce qu'il représente pour la voie de "Dieu fait homme", qui est celle du
christianisme, on se rapportera à cette réflexion de Henri Le Saux : "N'est-il
pas paradoxalement nécessaire à l'Église qu'il y ait des Ramana? Puisque
l'Église ne peut, sans se renier, accepter qu'il y ait en son sein des
gens au-delà du dogme formulé, du culte et du droit canon, il faut qu'il y
en ait "au-dehors de l'Église"; qui est peut-être la partie la plus
fondamentale d'elle-même"
*
Arunachâla
"Arunâchala! Certes Tu
déracines l'ego de ceux qui méditent sur Toi dans leur cœur, ô
Arunâchala"
"Se débarrasser de l'idée "Je suis le
corps" et fondre le mental dans le cœur pour réaliser le Soi en tant
qu'être non-duel et la Lumière de tout, c'est la signification réelle de
Darshan, du Signal de Lumière sur Annamalai [Arunâchala], le centre
de l'Univers."
Ramana Maharshi
*
"Appelez-le par n'importe quel nom,
Dieu, Soi, le Cœur ou le siège de la conscience, cela revient au même. Ce
qu'il faut bien saisir ici c'est que le Cœur veut dire l'essence de son
être, le centre sans lequel il n'y a pas la moindre existence."
Ce Cœur n'est pas physique, il est
spirituel, Hridayam veut dire "ceci est le centre". C'est à partir
de là que les pensées sont engendrées, là qu'elles vivent, et c'est là
qu'elles se dissipent
"Personne, même pour un instant, ne
cesse d'éprouver le Soi. Il est un fait que personne ne peut admettre
qu'il est séparé du Soi. Il est le Soi. Le Soi est le Cœur.
Le Cœur est le centre à partir
duquel tout jaillit. C'est parce que vous voyez le monde, le corps, etc.
que l'on dit qu'il y a là un centre appelé le Cœur. Quand vous êtes
établi dans le Cœur, ce Cœur est appréhendé comme n'étant ni le centre
ni la circonférence. Il n'y a rien en dehors de lui.
La conscience est la véritable
existence en tant qu'elle ne se projette pas vers l'extérieur, à la
rencontre des phénomènes. A ce titre-là, elle est le Cœur. C'est
seulement pour cette conscience que la vérité du Soi est connue. Cette
conscience, dépourvue d'activité, et qui demeure toujours au service
exclusif du Soi, est la claire connaissance dans toute sa splendeur"
"Le gourou ne dira rien de plus que
ce que je suis en train de dire maintenant. Il ne vous donnera rien que
vous ne possédiez déjà. Il est impossible pour quelqu'un d'obtenir ce
qu'il ne possède déjà pas. Même s'il l'obtient, cela partira comme c'est
venu. Ce qui arrive doit aussi s'en aller. Seul demeure ce qui toujours
est. Le gourou ne peut pas vous donner quelque chose de nouveau, que vous
n'ayez déjà. Tout ce qu'il faut, c'est se débarrasser de la notion que
nous n'avons pas encore réalisé le Soi.
Nous courons partout à la recherche
du Soi en disant "où est-il? où est-il?" jusqu'à ce qu'enfin l'aurore du
jnana drishti [vision de la connaissance] s'élève, et que nous
disions "ceci c'est le Soi, ceci c'est moi". Une fois cette vision
atteinte, il n'y aura plus d'attachement même si l'on se mêle au monde"
"Vous vous interrogez à propos des
jnani : rien ne change en eux, quel que soit l'état ou la
condition, puisqu'ils connaissent la réalité, la vérité. Dans leurs
occupations journalières, telles que se nourrir, voyager, etc. les
jnani n'agissent que pour les autres. Ils ne font rien pour eux-mêmes.
Je vous ai déjà dit à plusieurs reprises que, de même qu'il y a des
professionnels qui sont payés pour pleurer aux funérailles, de même les
jnani accomplissent des actions pour l'amour des autres, avec
détachement et sans en être affectés"
"Celui qui n'est pas réalisé
considère le jnani comme une personne et l'identifie au corps qu'il
voit devant lui. Parce qu'il ne connaît pas le Soi, il prend ce corps pour
le Soi, et commet la même erreur en ce qui concerne l'état profond du
jnani."
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