« Le
nom de Melchissédec, ou plus exactement Melki-Tsedeq, n’est
pas autre chose que le nom sous lequel la fonction même du « Roi
du Monde » se trouve expressément désignée dans la tradition
judéo-chrétienne ». Melchisédech est appelé roi de Salem,
c’est-à-dire de la Paix. Si Salem n’est évidemment pas le nom
d’une ville, René Guénon laisse entendre que, symboliquement,
« il peut être regardé comme un équivalent du terme Agarttha ».
Pour tout ce qui concerne Melchisédech, «qui est sans père, sans mère,
sans généalogie, qui n’a ni commencement ni fin de sa vie, mais qui
est fait ainsi semblable au Fils de Dieu », qui demeure « prêtre
à perpétuité », on se rapportera à ce qu’en dit Saint Paul,
dans son Épître aux Hébreux. Simplement, Melchisédech réunit
le pouvoir royal et le pouvoir sacerdotal, et
de même que Tula est le nom que porte le « centre
premier et suprême » de l’humanité terrestre, de même Melchisédech
est une figure « secondaire », en ce sens qu’elle
appartient à une tradition secondaire, par rapport à la Tradition
primordiale, du « Législateur primordial et universel » (Manu)
qui règne sur elle pendant toute la durée de ses différents cycles.
Car le Roi du Monde n’est pas un monarque, historique ou légendaire,
il est essentiellement un principe : « l’Intelligence
cosmique qui réfléchit la Lumière spirituelle pure et formule la Loi
propre aux conditions de notre monde ou de notre cycle d’existence ».
Anne-Catherine Emmerich a donné de Melchisédech une description qui
permettra de comprendre comment ce dernier est une figure judéo-chrétienne
du Roi du Monde : « Il inspirait le plus profond respect, et
tous en sa présence devenaient graves et silencieux. Il me fut révélé
que c’était un ange sacerdotal et un messager de Dieu. Il était
envoyé pour fonder de saintes institutions : il conduisait les
peuples, distribuait les races, et bâtissait les villes. Je l’ai vu
en divers lieux, bien avant le temps d’Abraham ; plus tard je ne
l’ai pas revu » (Visions, III, 147).
L'Agarttha
L’Agarttha
est le centre spirituel suprême, invisible et souterrain, désormais,
qui s’est occulté ou dissimulé aux hommes, lorsque l’humanité est
entrée dans ce cycle « d’obscurcissement et de confusion »
qui est le nôtre, le Kali-Yuga, il y a environ 6 000 ans. Ce centre est
le dépositaire de la Tradition primordiale et tous les centres
secondaires qui sont formés à son image et qui le représentent
« extérieurement » s’y rapportent. Mais ceux-ci sont, eux,
devenus progressivement inaccessibles à leur tour, et seules les
organisations initiatiques, qui gardent le lien en quelque sorte avec
eux permettent d’y accéder – ou tout au moins de s’orienter dans
leur direction. C’est ainsi que l’ésotérisme existe.
Voir aussi La Voie vers
Sambhala, Archè, Milano, 1983 |