Rudolf Steiner est né le 27 février 1861. Il suivra des études à Wiener-Neustadt, près de Vienne et à Vienne même, à l’Université
technique. Ayant été amené à diriger la publication des œuvres
scientifiques de Goethe, il quitte Vienne pour les Archives
Goethe-Schiller de Weimar, en 1890. De l’enseignement de Goethe, il
retiendra que la connaissance de soi et la connaissance de l’univers
ont partie liée étroitement, qu’elles « avancent »
ensemble. L’année suivante, il soutient sa thèse de doctorat en
philosophie.
C’est
en 1900 qu’il commence à développer son enseignement, dans le cadre
de la section allemande de la Société théosophique, mais de manière
très libre et personnelle, qui conduira en 1913 à la fondation de la
Société anthroposophique, Steiner s’opposant au pseudo-orientalisme
de la Société théosophique d’Annie Besant. Durant ses années, où
il multiplie ses cycles de conférences, non seulement en Allemagne
(Berlin, Munich), mais aussi en France, il est secondé par Marie von
Sivers qui deviendra sa femme en 1914. Mais aussi l’année 1914 est
celle d’une aventure assez étonnante, celle du premier Goethéanum,
construit à Dornach, près de Bâle. Oeuvre d’art total, où il
s’agissait « de se défaire de tout élément humain personnel,
et de rendre dans chaque ligne, dans chaque forme, non pas ce qui surgit
de la nature humaine personnelle, mais ce que manifestent les mondes
spirituels » (Dornach, 18 octobre 1924). Il faudrait s’étendre
aussi sur cette « communauté de travail », sous la
direction de Rudolf Steiner, qui rendra possible sa réalisation. Quant
à la fonction de l’architecture issue d’une telle expérience, elle
est nettement définie par Steiner : « Par ces formes, paix
et harmonie se déverseront dans les cœurs. Des législateurs, voilà
ce que seront de tels édifices. Là où échouent les institutions extérieures,
les formes de nos constructions sauront réussir » (17 juin 1914).
Construit
en bois, le Goethéanum brûlera entièrement le 31 décembre 1922.
L’année suivante, Steiner fonde La Société Anthroposophique
universelle ainsi que L’Université Libre de Science Spirituelle qui
existent toujours l’une et l’autre et dont le centre est un second
Goethéanum, reconstruit sur les lieux mêmes où s’élevait le
premier, à Dornach. Ouvrage tout de béton cette fois, - matériau
alors nouveau - il incarnera parfaitement ce propos de Steiner :
« Je voudrais obtenir simultanément l’expérience intérieure-spirituelle
que c’est là un portail qui nous accueille, ou bien une fenêtre qui
accueille la lumière afin de lui ouvrir l’accès à l’intérieur.
Mais je voudrais manifester aussi par cette forme comment le Goethéanum
pourrait être une manière de protecteur pour celui qui dans cet Édifice
cherche l’esprit. » (Dornach, 1er janvier 1224).
Steiner meurt l’année suivante, le 30 mars 1925.
La
démarche anthroposophique, ainsi que les applications auxquelles elle
ont donné lieu dans la vie sociale ont non seulement survécu à son
promoteur, mais elles se sont étendu, à l’échelle de la planète
Parmi
ses « applications », il faut citer l’eurythmie, cet art
du mouvement, si l’on peut dire, « qui exprime par le geste le
son parlé ou le son musical », créé par Steiner, dès 1912,
mais aussi la notion de « Tripartition sociale » qui
s’adresse, selon la belle formule de Steiner à des hommes « citoyens
des deux mondes » : vie culturelle, vie publique et
juridique, vie économique. La médecine, médecine « anthroposophique »
qui mêle remèdes, pratiques artistiques et thérapies originales comme
l’eurythmie curative ainsi que l’agriculture biodynamique procèdent
de la même prise de conscience du supra-sensible en l’homme et dans
sa relation avec son environnement. C’est, enfin, dans le domaine de
la pédagogie que l’œuvre de Steiner se poursuit – la première
école Waldorf fut fondée en 1919.
De
Steiner, il reste aussi une œuvre abondante, toujours audacieuse, et
qui continue de nourrir la méditation de ses disciples. A propos de
l’homme, par exemple, même si plutôt que le mot « homme »,
Steiner préfère l’expression « entité humaine » qui
correspond au triple rapport qu’entretiennent ensemble le corps, l’âme
et l’esprit : « L’esprit est impérissable ; la
naissance et la mort agissent dans l’élément corporel selon les lois
du monde physique ; la vie de l’âme soumise à la destinée,
assure le lien entre les deux au cours d’une incarnation terrestre. »
C’est que, pour Steiner, le destin de l’homme est constitué
d’actes accomplis au cours de réincarnations antérieures. C’est
ainsi que « l’être humain est déterminé de trois façons par
des facteurs venant d’au-delà de la naissance et de la mort. Le corps
est soumis aux lois de l’hérédité ; l’âme est soumise à la
destinée qu’elle a créée elle-même. Cette destinée créée par
l’homme s’appelle, d’un terme ancien, son karma. Et
l’esprit est soumis aux lois de la réincarnation, des vies
successives. » |