RUDOLF STEINER

Aperçus biographiques

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L’année 1899 marque un nouveau « point de retournement », la fin du Kali Yuga, de « l’âge des ténèbres » et l’entrée dans « une nouvelle vie spirituelle de l’humanité » dont Steiner voyait l’annonce prophétique dans l’œuvre et la vie de Novalis : « Nous ressentons comment, dira-t-il, à ce propos, en cette incarnation, Novalis était un prophète des temps nouveaux, pour ce que nous voulons rechercher dans le monde de l'esprit; nous sentons aussi comment nous pouvons développer au mieux l'enthousiasme pour cette recherche, par cet enthousiasme qui vivait dans le cœur, dans l'âme de Novalis et qui là, provenait pour lui d'un intime état d'imprégnation, d'interpénétration avec l'impulsion du Christ. »

           Rudolf Steiner est né le 27 février 1861. Il suivra des études à Wiener-Neustadt, près de Vienne et à Vienne même, à l’Université technique. Ayant été amené à diriger la publication des œuvres scientifiques de Goethe, il quitte Vienne pour les Archives Goethe-Schiller de Weimar, en 1890. De l’enseignement de Goethe, il retiendra que la connaissance de soi et la connaissance de l’univers ont partie liée étroitement, qu’elles « avancent » ensemble. L’année suivante, il soutient sa thèse de doctorat en philosophie.

C’est en 1900 qu’il commence à développer son enseignement, dans le cadre de la section allemande de la Société théosophique, mais de manière très libre et personnelle, qui conduira en 1913 à la fondation de la Société anthroposophique, Steiner s’opposant au pseudo-orientalisme de la Société théosophique d’Annie Besant. Durant ses années, où il multiplie ses cycles de conférences, non seulement en Allemagne (Berlin, Munich), mais aussi en France, il est secondé par Marie von Sivers qui deviendra sa femme en 1914. Mais aussi l’année 1914 est celle d’une aventure assez étonnante, celle du premier Goethéanum, construit à Dornach, près de Bâle. Oeuvre d’art total, où il s’agissait « de se défaire de tout élément humain personnel, et de rendre dans chaque ligne, dans chaque forme, non pas ce qui surgit de la nature humaine personnelle, mais ce que manifestent les mondes spirituels » (Dornach, 18 octobre 1924). Il faudrait s’étendre aussi sur cette « communauté de travail », sous la direction de Rudolf Steiner, qui rendra possible sa réalisation. Quant à la fonction de l’architecture issue d’une telle expérience, elle est nettement définie par Steiner : « Par ces formes, paix et harmonie se déverseront dans les cœurs. Des législateurs, voilà ce que seront de tels édifices. Là où échouent les institutions extérieures, les formes de nos constructions sauront réussir » (17 juin 1914).

Construit en bois, le Goethéanum brûlera entièrement le 31 décembre 1922. L’année suivante, Steiner fonde La Société Anthroposophique universelle ainsi que L’Université Libre de Science Spirituelle qui existent toujours l’une et l’autre et dont le centre est un second Goethéanum, reconstruit sur les lieux mêmes où s’élevait le premier, à Dornach. Ouvrage tout de béton cette fois, - matériau alors nouveau - il incarnera parfaitement ce propos de Steiner  : « Je voudrais obtenir simultanément l’expérience intérieure-spirituelle que c’est là un portail qui nous accueille, ou bien une fenêtre qui accueille la lumière afin de lui ouvrir l’accès à l’intérieur. Mais je voudrais manifester aussi par cette forme comment le Goethéanum pourrait être une manière de protecteur pour celui qui dans cet Édifice cherche l’esprit. » (Dornach, 1er janvier 1224). Steiner meurt l’année suivante, le 30 mars 1925.

 La démarche anthroposophique, ainsi que les applications auxquelles elle ont donné lieu dans la vie sociale ont non seulement survécu à son promoteur, mais elles se sont étendu, à l’échelle de la planète

Parmi ses « applications », il faut citer l’eurythmie, cet art du mouvement, si l’on peut dire, « qui exprime par le geste le son parlé ou le son musical », créé par Steiner, dès 1912, mais aussi la notion de « Tripartition sociale » qui s’adresse, selon la belle formule de Steiner à des hommes « citoyens des deux mondes » : vie culturelle, vie publique et juridique, vie économique. La médecine, médecine « anthroposophique » qui mêle remèdes, pratiques artistiques et thérapies originales comme l’eurythmie curative ainsi que l’agriculture biodynamique procèdent de la même prise de conscience du supra-sensible en l’homme et dans sa relation avec son environnement. C’est, enfin, dans le domaine de la pédagogie que l’œuvre de Steiner se poursuit – la première école Waldorf fut fondée en 1919.

 De Steiner, il reste aussi une œuvre abondante, toujours audacieuse, et qui continue de nourrir la méditation de ses disciples. A propos de l’homme, par exemple, même si plutôt que le mot « homme », Steiner préfère l’expression « entité humaine » qui correspond au triple rapport qu’entretiennent ensemble le corps, l’âme et l’esprit : « L’esprit est impérissable ; la naissance et la mort agissent dans l’élément corporel selon les lois du monde physique ; la vie de l’âme soumise à la destinée, assure le lien entre les deux au cours d’une incarnation terrestre. » C’est que, pour Steiner, le destin de l’homme est constitué d’actes accomplis au cours de réincarnations antérieures. C’est ainsi que « l’être humain est déterminé de trois façons par des facteurs venant d’au-delà de la naissance et de la mort. Le corps est soumis aux lois de l’hérédité ; l’âme est soumise à la destinée qu’elle a créée elle-même. Cette destinée créée par l’homme s’appelle, d’un terme ancien, son karma. Et l’esprit est soumis aux lois de la réincarnation, des vies successives. »