Wilfred Thesiger était le dernier grand aventurier de la génération des
Théodore Monod.
L'Abyssinie, la péninsule arabique, le fameux "Quart vide", le Kenya
constituaient autant de pays d'adoption dont il avait prodigieusement aimé
le mode de vie traditionnel et pour lesquels il regrettait un passage à
notre modernité qu'il abhorrait. Reste ses ouvrages comme autant de
témoignages d'une passion pour l'aventure désormais quasiment interdite :
"J'ai vécu tout juste à temps pour voyager, voir et faire l'expérience
d'un monde en voie de disparition, et pour vivre la vie de mon choix".
"Thesiger continue to risk his life exploring
the Middle East, Africa and Asia until he was 70, when he retired to live
in a house without water or electricity in Maralal, Kenya. His credo was
this : "The harder the life, the finer the person." He was knighted in
1995", Time, 8 septembre 2003 "Il était d'un autre âge,
né en 1910 dans une des huttes en torchis qui servaient de légation
britannique à Addis-Abeba jusqu'à ce que son père, ministre
plénipotentiaire en Abyssinie, en fasse construire une en pierre, plus
moderne. Mais même dans les années 80, quand il vivait dans le nord du
Kenya sur le las Turkana, un de ses jeunes compagnons indigène, Lawri
Leboyare, pouvait encore plaisanter devant lui : "L'âge de pierre,
c'est toi. Nous à côté, on est moderne." Wilfred Thesiger, le dernier
des "originaux" d'un empire qui n'en fabriquait plus depuis longtemps,
disait vouloir finir sa vie chez ses amis turkanas, son cadavre exposé au
soleil, laissé à la discrétion des chacals. Tout chez lui était démesuré :
sa taille, sa bouche, son nez, et surtout ses oreilles, qui lui avaient
valu un surnom chez les Turkanas voulant dire "vieil éléphant qui
marche à l'écart de tous". Mais, au milieu des années 90, ses deux
compagnons qu'il considéraient comme ses fils étant morts, et lui-même
souffrant de la maladie de Parkinson, il était rentrée en Angleterre, où
il a fini ses jours dans une maison de repos dans le Surrey. C'est aussi
ça l'histoire de sa vie, ce désir inabouti d'en finir en grand style d'un
monde qu'il n'aimait pas."
Philippe Garnier,
Libération, 27 août 2003 "A l'est du Yémen, s'étend
le désert et les fabuleuses oasis de l'Hadramaout. (...) Il y a cinquante
ans, ce désert était encore largement une tache blanche sur les cartes de
géographie et les bédouins n'avaient pas encore été emportés par les
conséquences de la fièvre pétrolière. Un homme s'est alors lancé à sa
découverte : Wilfred Thesiger mort à Londres ce week-end à l'âge de 93
ans, le plus grand explorateur et écrivain des déserts avec Théodore
Monod, mort il y a deux ans. Pendant cinq ans, de 1945 à 1950,
l'explorateur a sillonné le désert accompagné par des Bédouins. Il a
raconté en 1959 son aventure dans un livre merveilleux, Le désert des
déserts."
Guy Duplat, La Libre Belgique, 27
août 2003 
"The death of a great
British explorer who became the inspiration of the young and the old alike
in Arabia came as a shock for his friends in the UAE and Gulf region.
Sir Wilfred Thesiger, who
made the UAE his second home, and who made th world share and realise the
difficult challenges of the Arab Bedouin desert life, passed away on
Sunday, August 24.
The news of his death was
received by all his friends and old companions as a sad event.
"It is shocking news for
me. I've lost a great friend, a caring brother and an honest man who
always stood by us in hardship,"
Salem bin Kabina,
the local team leader during Sir Wilfred's first Empty Quarter expedition,
told Gulf News from Oman where he has gone for a summer break.
Thesiger was the last and
the greatest of the small number of explorers to cross the harsh Rub Al
Khali (the Empty Quarter) more than 55 years ago. According to bin Kabina,
he has not seen a man like "Mubarak bin London", the name he gave to Sir
Wilfred.
"He was a strong man to
brave the harsh Rub Al Khali under scorching sun, and that with patience
and glory, " he said of his experience during their desert expeditions.
Nissar Hoath, 27 août 2003 |