Arrivée de réfugiés albanais, à
Brindisi, en juin 1991
uvre majeure de Jean Raspail, Le Camp des
Saints fut rédigé en 1973. uvre prophétique, il y a plus de 25 ans, "ce
livre terrible" se présente aujourd'hui comme une uvre d'actualité : "Si
prophétie il y a, cette prophétie, nous en vivons aujourd'hui les prémices."
Elle pose l'unique question qui importe : que faire?
"Que faire, puisque nul ne saurait renoncer
à sa dignité d'homme au prix d'un acquiescement au racisme? Que faire, puisque dans le
même temps, tout homme - et toute nation - a le droit sacré de préserver ses
différences et son identité au nom de son avenir et au nom de son passé?"
"Lorsqu'on sait ce que représente une
génération aujourd'hui dans nos vieux pays d'Europe, génération-croupion à l'image de
la famille-croupion et de la nation-croupion, on a le cur serré d'avance et saisi
de découragement. Il suffit de se reporter aux effrayantes prévisions démographiques
pour les trente prochaines années, et celles que je vais citer nous sont les plus
favorables : cernés au milieu de sept milliards d'hommes, sept cents millions de Blancs
seulement, dont un tiers à peine et pas frais, très vieilli, sur notre petite Europe,
face à une avant-garde de près de quatre cents millions de Maghrébins et de musulmans,
dont cinquante pour cent de moins de vingt ans, sur les rives opposées de la
Méditerranée et précédant le reste du monde! Peut-on imaginer une seconde et au nom de
quel aveuglement d'autruche la survie de ce déséquilibre?"
"Car l'Occident est vide, même s'il n'en a
pas encore et véritablement conscience. Civilisation extraordinairement inventive,
certainement la seule à être capable de relever les insurmontables défis du troisième
millénaire, l'Occident n'a plus d'âme. A l'échelle des nations, des races et des
cultures, comme à celle de l'individu, c'est toujours l'âme qui gagne les combats
décisifs. C'est elle et elle seule qui forme la trame d'or et d'airain dont sont faits
les boucliers qui sauvent les peuples forts. Je ne distingue plus guère d'âme chez nous.
A regarder par exemple mon propre pays, la France, il me vient souvent l'impression, comme
dans un mauvais rêve éveillé, que bien des Français "de souche",
aujourd'hui, ne sont plus que des bernard-l'ermite qui vivent dans des coquilles
abandonnées par les représentants d'une espèce à présent disparue, qui s'appelait
l'espèce française et n'annonçait en rien, par on ne sait quel mystère génétique,
celle qui s'est en cette fin de siècle affublée de ce nom. Ils se contentent de durer."
"Mais le tout petit bourgeois sourd et aveugle
reste bouffon sans le savoir. Encore miraculeusement à l'aise dans ses grasses prairies
d'Occident, il crie en louchant sur son plus proche voisin : "Faites payer les
riches!" Le sait-il seulement, mais enfin le sait-il! que le riche c'est
précisément lui, et que ce cri de justice, ce cri de toutes les révoltes, hurlé par
des milliards de voix, c'est contre lui et contre lui seul que bientôt il s'élèvera.
C'est tout le thème du Camp des Saints.
Alors que faire?
Je suis romancier. Je n'ai pas de théorie, pas de système ni
d'idéologie à proposer ou à défendre. Il me semble seulement qu'une seule alternative
se présente à nous : apprendre le courage résigné d'être pauvre ou retrouver
l'inflexible courage d'être riches. dans les deux cas, la charité dite chrétienne se
révélera impuissante. Ces temps-là seront cruels."
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