Philipp Otto Runge est né le 23 juillet 1777.
« Je
suis né dans la ville de Wolgast en Poméranie
suédoise. Mon père travaille dans le commerce, et
notamment à la construction de nombreux bateaux.
Ayant été malade presque sept ans de suite (de ma 11ème
à ma 18ème année), j’ai été dispensé
d’école et j’en ai profité pour faire de très belles
choses. J’ai appris notamment, à découper des
silhouettes, à tourner le bois, et même, finalement,
à la tailler. » (Lettre à Goethe, 23 août 1801)
En 1795,
il est engagé dans la firme de son frère, à
Hambourg.
Ce n’est
qu’à partir de 1799, qu’il commence des études de
peinture à l’Académie de Copenhague, jusqu’en mars
1801. La même année, il fait la connaissance de
Caspar David Friedrich ainsi que de Ludwig Tieck.
(Il fera également la connaissance, en 1802 de
Friedrich Schlegel).
Il
était trop tard cependant pour que Runge puisse
rencontrer Novalis, mort en 1801, mais, comme pour
l’œuvre de Jacob Boehme, c’est Ludwig Tieck qui lui
fera connaître celle de Novalis.
En février 1802,
dans une lettre à son frère, il écrit :
« Nous
sommes sur la frange de toutes les religions issus
du Catholicisme. Les abstractions disparaissent,
tout se fait plus aérien et plus léger, tout
converge dans le paysage. On cherche à discerner
quelque chose dans ce flou, sans savoir comment s’y
prendre. Ne pourrait-on pas atteindre une apogée
dans cet art nouveau ? – die Landschafterei, l’art
du paysage pour le nommer ainsi. Une apogée plus
belle, peut-être, que les précédentes ? Je veux
représenter ma vie dans un cycle artistique. Quand
disparaît le soleil et que la lune revêt d’or les
nuages, je fixerai le cours des esprits. Si nous ne
vivons pas la belle période de cet art, nous
consacrerons notre vie à la susciter réellement et
en vérité ».
Runge se
marie en avril 1803 avec Pauline Bassenge. Le couple
aura quatre enfants, Otto Sigismund, en 1805, Maria
Dorothea, en 1807, Gustav, en 1809, et un dernier,
Philipp Otto, posthume (il est né le lendemain de la
mort de Runge), en 1810. La même année, au mois
d’août, il se rend à Berlin pour y rencontrer August
Schlegel, puis en novembre, à Weimar, pour voir
Goethe.
Dès 1804,
Runge s’est préoccupé de la question de la couleur,
qui fera l’objet de sa conférence avec Goethe de
1806 à la mort du peintre, et qui aboutira à son
traité intitulé Sphère des couleurs, ou
construction du rapport des mélanges de couleurs et
de leurs affinités, suivi d’un essai sur l’harmonie
chromatique (1808)
En 1806,
il reçoit la visite du peintre Overbeck, le chef de
file des Nazaréens.
Fréquemment malade, à partir de 1807, Runge n’en
continue pas moins à peindre (recherches pour le
petit Matin).
En 1810, il fait la
connaissance du poète Brentano, qui lui confie le
projet d’illustrer :
« Il [Brentano] espérait une collaboration plus
intime, que l'art de ce peintre lui semblait apte à
réaliser. Il voulait que, là où la parole ne
suffirait plus à créer le prolongement mythique, le
dessin intervînt, et dessin ornemental, ces
arabesques par lesquelles Runge se rattache à l'art
baroque. Il s'agissait, explique-t-il au peintre,
de souligner par ses dessins les rapports étroits
entre certaines situations, racontées par le poème,
et des « constellations invisibles »; d'évoquer leur
continuelle référence aux mythes chrétiens du monde
supérieur et du monde inférieur, sans toutefois en
parler explicitement. »
(Albert Béguin, L’âme
romantique et le rêve).
Mais la tuberculose
se déclare au printemps. Runge accomplit encore
durant l’été un long voyage pendant lequel il rend
visite à ses amis.
De retour à Hambourg, il meurt le 2 décembre, à
l’âge de 33 ans.
« Ne pleurez pas
sa mort précoce ! / Il n’a pas vécu : il a été une
aurore. » Brentano
Novalis est mort lui aussi de tuberculose, à 29 ans,
en 1801, laissant une œuvre philosophique et
poétique inachevée, et cette communauté de
destin des deux génies du romantisme allemand n’a
pas échapper à leurs contemporains : voir
Runge et
Novalis |